Chronique du mois de mars sur le Grand Laval
mars 24, 2024

Le printemps arrive en force. Les abricotiers sont roses et les pruniers blancs, attirant leur lot d’abeilles mellifères, de Bourdons terrestres et d’Osmies rousses et cornues. Au sol, les picris couvrent de jaune les prairies du verger et font la joie des lassioglosses, et les lamiers maculés attirent les anthophores, les xylocopes et différents bourdons. Les fleurs les plus attractives en ce moment sont toutefois les massifs de moutarde sauvage qui poussent le long des talus, dans lesquels des centaines d’Andrènes butinent, au milieu des diverses mouches et des tenthrèdes. Oui, nous poursuivons l’inventaire des hyménoptères de la ferme, particulièrement axé cette année sur les apoidés, avec l’aide d’Hugues Mouret d’Arthropologia !

Les papillons sont de sortie : c’est la période à laquelle vole la magnifique Aurore, blanche au bout des ailes orange. Les premiers azurés des nerpruns, machaons et flambés ont aussi été repérés avec le généreux soleil de la semaine. La nuit, ce sont les orthosies qui commencent à sortir.

La plupart des plantes messicoles ne sont pas encore en fleur, mais une nouvelle espèce vient de faire une apparition remarquée sur la ferme : l’Ornithogale penchée, une plante à bulbe, protégée, découverte le 22 mars en fleur au milieu d’une parcelle cultivée par Elsa, qui a pris soin de la contourner en sarclant. Comment est-elle arrivée ici ? Elle est rarissime dans la plaine de Valence. On en trouve par contre dans la vallée de la Gervanne et de la Drôme, par exemple. Autre plante messicole à bulbe, la Tulipe des vignes, dont la ferme compte deux stations introduites : la floraison est en ce moment, elles sont magnifiques !

Les serpents sortent de leur hibernation : nous avons déjà pu observer une adulte et une immature de Couleuvre vipérine sous les plaques reptiles, une grosse couleuvre verte et jaune et des dizaines de Lézards verts et des murailles. Dans les mares, les têtards de Crapaud épineux viennent d’éclore, tandis que le chœur des Grenouilles vertes transforme l’ambiance de la ferme en zone humide ! Le premier passage nocturne de suivi des amphibiens cette semaine (pop-amphibiens) a permis de trouver des Tritons palmés dans 8 des 22 mares de la ferme. Les Alytes accoucheurs ne chantent pas encore, mais 10 d’entre eux étaient sous des plaques reptiles.

Enfin, c’est le début du retour des migrateurs. Si les Rougequeues noirs et Tariers pâtres sont de nouveau cantonnés, pour les autres c’est encore le début. Le ballet des Milans noirs, parfois accompagnés de Milans royaux, Busards des roseaux et Saint-Martin, éperviers, défile au-dessus de la ferme. Un beau groupe de grues nous a enchanté, et même le rare Ibis falcinelle a fait un survol, il n’avait encore jamais été observé depuis la ferme – mais il ne s’est pas arrêté. Les premiers Martinets à ventre blanc et les premières Hirondelles rustiques ont également été observés le 21 mars. Laurène a eu la chance d’observer une Gorgebleue à miroir le 20 mars : l’espèce est désormais observée chaque printemps sur la ferme !  

Mais le froid revient, et avec lui le risque majeur du printemps : le gel des fleurs des arbres du verger. L’an dernier, aucune récolte d’abricots n’avait pu avoir lieu. Chaque année, cette période est critique et très stressante pour Elsa et Sebastien. La fin de semaine a notamment été consacrée à l’installation et à la révision des dispositifs d’aspersion, et à l’installation de nouvelles sondes, qui indiquent en pleine nuit le moment où la température passe sous le niveau critique et nécessite le déclenchement de l’aspersion. La chance de la ferme est d’avoir un droit d’eau dans le Ru du Moulin. Espérons que cette année sera celle des abricotiers !

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