L’exploration du vivant au Grand Laval
La ferme du Grand Laval fait partie des lieux sur lesquels s’expérimente la mise en œuvre de nos paradigmes, et quinze ans après la reprise de la ferme par Sébastien Blache, nous souhaitons, au sein de l’association Réensauvager la ferme, documenter dans le détail ce qu’une ferme comme celle-ci accueille comme organismes vivants et approcher, autant que possible, une compréhension globale des interactions qui s’y jouent. Grâce aux connaissances naturalistes de Sébastien et des spécialistes qui lui rendent régulièrement visite, nous estimons déjà à un millier d’espèces la diversité biologique connue sur les 20 hectares. Or ce ne sont que des inventaires informels et très incomplets.
Nous proposons de répliquer, à l’échelle de la ferme et sur une période plus courte, les principes des inventaires biologiques généralisés tels qu’ils ont été menés à partir de 2007 dans le Parc national du Mercantour et le Parco Naturale Alpi Marittime, et avant lui au sein du Parc national des Smoky Mountains aux États-Unis.
Nous convions pour cela dès l’année 2022 toute la biodiversité des passionnés du vivant, professionnels ou amateurs, entomologistes de toutes obédiences, bryologues, herpétologues, mammalogues, botanistes, mycologues, ornithologues, arachnologues, malacologues, ichtyologues, bactériologues, spécialistes de la faune du sol, à participer à l’effort d’inventaire, qui inclura à la recherche d’exhaustivité la mise en œuvre d’échantillonnages standardisés et répliqués comparables à ceux existant ailleurs en France, afin de permettre des interprétations.
Nous déploierons pour cela des méthodes permettant la détection active comme passive (enregistrements automatiques, pièges photographiques) des organismes, et feront appel à diverses techniques d’identification, jusqu’à celle de l’ADN environnemental S’il est parfois indispensable de prélever certains spécimens nécessitant une identification à la loupe binoculaire ou au microscope, nous souhaitons réduire au maximum la mortalité non strictement nécessaire à l’inventaire. De nombreux invertébrés ont une durée de vie très brève à l’état imaginal et présentent des populations importantes, mais d’autres vivent plusieurs années : araignées, carabes ou certains vers de terre, par exemple. Le prélèvement disproportionné d’individus par des pièges passifs n’est alors possiblement pas dénué d’impacts sur les communautés, en plus des problématiques éthiques qu’il pose.
Si la méthode au sens technique est celle de l’inventaire, l’esprit est bien plutôt celui d’une exploration vaste des présences, des relations, des dynamiques qui font fonctionner l’écosystème qui abrite la ferme. Nous reprenons les techniques de mesure inventées par les sciences écologiques, mais pour rendre sensible. La pluralité des méthodes, du paysage sonore à l’ADN environnemental, en passant par l’observation ornithologique, permet de ne pas confondre l’instrument de mesure avec ce qui est mesuré. Elle a pour but de dépasser l’inventaire comme stricte liste d’espèces pour se rendre disponible à la variété, à la complexité du cosmos vivant en présence.
Protocole oiseaux
Protocoles reptiles
Le protocole Pop-reptile 2 développé par la SHF, est mis en œuvre à raison de 5 transects réalisés sur la ferme.
Protocoles amphibiens
Le protocole Pop-amphibiens développé par la SHF est mis en œuvre sur l’ensemble des zones humides de la ferme
http://lashf.org/popamphibien-2/
Protocole chauves-souris
Protocoles sauterelles
Protocoles Papillons
Protocole Libellules
Protocole vers de terre
Insectes nocturnes
Micromammifères
Spipoll
Nous attendons de cette enquête du vivant sur la ferme qu’il alimente d’autres recherches, et convions les chercheurs à profiter des données qui seront collectées et en libre accès. Cet inventaire ne saurait mieux être enrichi que par l’apport de compétences académiques pour enquêter sur les interactions possibles entre les protagonistes, pour mieux interpréter les découvertes, pour caractériser l’évolution des communautés et la mettre en perspective.
Nous aspirons enfin et surtout à ce que cette enquête apporte une illustration ancrée et concrète des principes théoriques que nous avons décrits précédemment, et contribue à donner à voir l’attrait et la puissance d’action d’une paysannerie qui travaille avec le vivant et pour le vivant, humain et non humain.