Chaque année depuis 2022, nous cartographions précisément les oiseaux nicheurs sur la partie dite « historique » de la ferme, les 17 ha acquis en 2006, ce qui nous permet de comparer avec les relevés effectués selon le même protocole par Sébastien lors de son arrivée en 2006 et 2007(cartographie des territoires).
En plus de cela, nous complétons ce suivi sur les 25 ha des Montouses qui sont en bail depuis 6 ans, mais les résultats sont présentés à part car ils ne peuvent pas être comparés aux années 2006 et 2007. Les deux parcelles récemment acquises sont petites et insérées au milieu d’autres cultures, donc très peu d’oiseaux y nichent pour l’instant.
Sur la zone historique, si le nombre d’espèces nichant chaque année stagne, le nombre de couple continue d’augmenter.

Un gros quart de cette augmentation est dûe aux nichoirs, qui permettent d’augmenter considérablement l’offre en logements !
Ainsi, une part importante de l’augmentation des effectifs nicheurs récente est lié à la colonie de Moineaux domestiques qui progresse, car la quasi-totalité des nichoirs sont occupés ! Elle est passée de 22 couples en 2022 et 30 couples en 2023 à 55 couples en 2025 !
Comme nous n’avions pas dénombré la colonie de moineaux domestiques en 2024, nous lui avions attribué le score de 2023. Avec l’augmentation de 2025, nous avons corrigé le chiffre de 2024 en donnant une valeur intermédiaire entre 2023 et 2025 pour ne pas avoir un effet graphique erroné d’augmentation spectaculaire en 2025.

Cette année, nous avons eu la surprise d’assister à la reproduction d’un couple mixte de Moineau friquet et de Moineau domestique dans l’un des nichoirs ! Le Moineau friquet fait partie des espèces « disparues » en tant que nicheurs sur la ferme. Cela suit une tendance globale, l’espèce s’effondrant absolument partout en France, dans une sorte de mouvement de reflux de son aire de répartition occidentale. Nous avions eu deux individus en période de reproduction en 2023 mais sans preuve de nidification. Cette année, un seul, mais qui s’est reproduit. L’hybridation n’est pas une bonne nouvelle : c’est un cas qui arrive dans des populations en train de disparaître, lorsque la difficulté de trouver un partenaire conspécifique devient très élevée.

La partie « historique » de la ferme (17 ha) a donc accueilli 212 couples de 47 espèces cette année. La zone des Montouses (25 ha en bail) a accueilli 118 couples de 29 espèces, soit une augmentation globale du nombre d’oiseaux nichant sur le site. La grande différence entre cette zone et la ferme historique est l’absence de nichoirs (à l’exception du mat d’hospitalité, encore très nouveau), qui ne permet pas d’accueillir les moineaux et mésanges en nombre. Les haies y sont moins denses car ici l’avifaune des milieux ouverts est ciblée. L’absence de maîtrise foncière limite aussi les aménagements possibles. Néanmoins, les pratiques continuent de favoriser l’augmentation de l’avifaune : elles passent par une grande diversité de cultures, des bandes non cultivées, et l’expansion des haies qui bordent la zone, en particulier par les ronciers.

Le principal événement cette année vient de l’Hypolais polyglotte et de la Fauvette grisette, deux passereaux migrateurs transsahariens typiques des haies agricoles. Pour l’Hypolais, alors qu’un seul couple ne nichait lorsque Sébastien a repris la ferme en 2006 et en 2007, il y en avait 4 en 2022, 5 en 2023, 6 en 2024 et… 13 en 2025 ! Cette augmentation a également été relevée sur les 25 ha des Montouses : 11 chanteurs y ont été comptabilisés, contre 6 les deux années précédentes ! Soit la bagatelle de 24 chanteurs sur la ferme, ce qui en fait une année vraiment exceptionnelle pour l’espèce ici. Aucune augmentation n’est pourtant décelée à partir des données issues de la base « Faune France », tant à l’échelle de toute la France que de la Drôme. Pour la Fauvette grisette, alors qu’il n’y avait que 3 chanteurs les trois années précédentes, il y en a eu sept cette année. Sur les 25 ha des Montouses, 4 chanteurs contre 3 les années précédentes.
Que s’est-il passé sur la ferme ?
D’autres espèces liées aux haies, comme le Rossignol philomèle (14 chanteurs en 2022, puis 12 chanteurs en 2023, 2024 et 2025 sur les 17 ha historiques) et la Fauvette à tête noire (16 ou 17 chanteurs au cours des quatre dernières années) montrent une stabilité étonnante. Probablement y a-t-il une question de structure des haies qui deviennent de plus en plus favorables à l’hypolais ; l’abondance de ressources alimentaires pourrait également jouer un rôle.

L’autre événement fut le retour du couple de Marouette ponctuée. Le mâle a été entendu chanter à partir du 4 avril pendant quelques jours. Il a ensuite été détecté sur les pièges photos régulièrement tout le mois. Puis le 5 mai, nous détectons pour la première fois une femelle ! Celle-ci sera revue régulièrement jusqu’au 30 mai sur les pièges. Puis aucune observation n’a lieu en juin, et l’on croit le couple parti, mais un mâle est entendu par des ornithos participant au week-end d’exploration du vivant le 6 juillet. Il est probable que la reproduction ait échoué cette année, sinon les juvéniles auraient été détectés sur les pièges photos qui quadrillaient la zone favorable.

La création de la zone humide ne bénéficie pas qu’à la Marouette. Cette année a vu un record pour la reproduction des gallinules poule-d’eau (au moins 3 nichées, de deux ou trois couples) et, comme l’année précédente, trois couples de canards colverts se sont reproduits. Les cisticoles des joncs se maintiennent à trois couples comme l’année précédente, et la Bouscarle de Cetti continue sa progression, avec 7 chanteurs sur la zone historique (aucune en 2006-2007, 3 en 2022, 5 en 2023, 6 en 2024) et 8 sur les 25 ha des Montouses. La Rousserolle effarvatte a niché pour la troisième année consécutive.

Nouveauté également, deux couples d’Effraie des clochers se sont reproduits sur la ferme cette année (contre un seul habituellement), un dans le nichoir habituel du hangar de stockage, et une nouvelle dans le nichoir intégré à la maison de Seb et Elsa ! Il y a toujours deux couples de chevêches sur la ferme « historique », mais un autre couple occupe la zone de 25 ha et un nouveau couple s’est installé dans l’un des mats d’hospitalité sur les nouvelles parcelles. Ces mats ont aussi permis la hausse du nombre de couples de Faucons crécerelles (5 en tout sur la ferme, dont 3 sur la zone historique).

La huppe fasciée, qui se reproduit à peu près chaque année sur la ferme ou à proximité immédiate, s’est installée cette année dans un nichoir à sa disposition, fabriqué à partir d’une section d’arbre creux dans laquelle un trou d’entrée a été créé à sa disposition. Deux nichoirs comme cela était à disposition depuis quatre ans. Cette année, le couple a utilisé les deux, pour mettre au monde deux nichées !

Poursuivons avec les nouveautés : la Linotte mélodieuse s’est reproduite pour la première fois sur la ferme. Les fringilles, de manière générale, étaient nombreux cette année, très concentrés dans les haies bordant le colza : 6 couples de Verdiers d’Europe (précédent record de 5 couples), 3 de chardonnerets (plus habituel) et 3 de Serins cinis (record).
L’Oedicnème criard s’est reproduit dans la parcelle de pois-chiches.
Certaines espèces connaissent aussi des reflux. C’était une moins bonne année pour le Bruant proyer (11 chanteurs en tout sur la ferme contre 14 l’année précédente), la Caille des blés (2-3 chanteurs sur l’ensemble de la ferme) et la Perdrix rouge (1 seul couple sur l’ensemble de la ferme, contre un maximum de 4 en 2023). Ces deux dernières peuvent subir une certaine pression cynégétique en fin de saison qui n’aide pas la population à se maintenir ou à augmenter. Il y a eu 6 couples de Tourterelles des bois sur l’ensemble de la ferme, contre 7 en 2024. La disparition de l’Hirondelle rustique se confirme, et les nicheurs plus difficiles à localiser mais qui fréquentent la ferme n’ont pas été comptabilisés parmi les espèces nicheuses cette année : Épervier d’Europe, Chouette hulotte, Petit-duc scops et Hibou-moyen-duc. Tous ont été contactés en période de reproduction mais pas assez régulièrement pour être comptés comme nicheurs.

En 2026, une nouvelle espèce nicheuse pourrait faire son apparition. Des nichoirs à Martinets noirs sont disposés sur la maison de Seb et Elsa depuis 4 ans, et pour la première année, des oiseaux ont tourné autour régulièrement au moins de juillet. Ce comportement est typique d’oiseaux immatures en exploration pour l’année suivante. Le Râle d’eau, de plus en plus observé, pourrait lui aussi finir par y élever une famille. Et qui sait ce que 2026 nous réservera comme autres surprises !

Un post sur les oiseaux non nicheurs vus en 2026 sur la ferme suivra !



