En février dernier, pour créer de nouvelles zones humides sur la ferme, nous ré-ouvrions un cours d’eau busé depuis plusieurs décennies qui passait en travers de la ferme avec l’aide de l’agglomération Valence-Romans, profitant de la présence des pelleteuses sur la ferme pour la création de mares dans le cadre du Marathon de la biodiversité. Cette portion de cours d’eau enterrée n’avait aucune existence juridique. Il provient d’une source située à 2 km en amont et sert à l’irrigation de deux exploitations, avant de se jeter dans le canal du Moulin. Les buses étaient aux 2/3 comblées par la vase : il n’aurait pas fallu beaucoup d’années pour que l’inondation se produise spontanément. Dès les premières minutes, nous avons vu des Chevaines (poissons) apparaître dans le cours d’eau réouvert.
Depuis, lors d’un chantier participatif réalisé en avril impliquant les paysans du réseau Fermes paysannes et sauvages et les techniciens GEMAPI de l’agglo, nous avons élargi le lit de ce nouveau ruisseau en y construisant des ouvrages mimant l’action des castors, à base de branches de saules, de luzerne, de terre et de cailloux, guidés par Baptiste Morizot et un spécialiste américain des ouvrages castor mimétiques, Joe Wheaton. L’objectif de cette opération était de réhydrater les sols de la ferme en reconnectant ce cours d’eau à la nappe, et de créer une zone humide favorable aux espèces sauvages. La pari est donc tout autant de pouvoir disposer d’herbe verte plus tard en saison pour faire pâturer les moutons autour de la zone que de créer des conditions de vie favorables pour les insectes, les oiseaux…
L’effet fut très rapide, et même exceptionnel, avec une remontée immédiate du ruisseau, une remontée vraisemblable du niveau de la nappe (non mesurée mais visible par l’humidité des berges) et un élargissement de l’espace d’écoulement. Résultat : le lieu devient très accueillant pour la faune et la flore, et la prairie à côté est encore toute humide en juillet ! Les hirondelles viennent y chasser les insectes, hérons, colverts et poules d’eau y pêchent ou y promènent leurs jeunes, et déjà près de 30 espèces de libellules y ont été observées. Les poissons y circulent, et les insectes aquatiques sont nombreux. Et comme nous l’espérions, le site attire également des oiseaux d’eau migrateurs en halte. En ce mois de juillet, se sont ainsi succédés des Chevaliers culblancs, un Chevalier sylvain et deux Chevaliers gambettes ! Ce canal d’irrigation, busé, était artificiel, mais à partir de ce type d’aménagement aussi on peut revitaliser les alentours et réhydrater les sols. Nous en reparlerons.
Des saules ont été plantés sur l’une des berges : nous attendons maintenant que les castors arrivent, attirés par ce nouvel espace, et poursuivent le travail de réhydratation que nous avons entamé.