Vous vous souvenez, du cours d’eau busé que nous avions réouvert au printemps 2023, et sur lequel nous avions expérimenté la création d’ouvrages castor-mimétiques ? Et bien, si le castor ne s’est pas encore manifesté, dans la nuit du dimanche 29 septembre au lundi 30, vers 1h du matin, c’est une Loutre qui est passée devant la caméra automatique !
Ce cours d’eau est lui-même relié au ru du Moulin, qui, bien qu’étroit et peu profond, accueille pas mal de poissons et surtout, comporte de nombreux ronciers tout le long de son passage le long de la ferme, ainsi que des tas de bois issus des produits de taille du verger. Ronces, tas de bois et poissons : voilà qui peut convenir à la loutre ! Par contre, les chiens sont ses grands ennemis.
La Loutre est encore très peu commune dans la Drôme. Largement piégée jusqu’à la première guerre mondiale, quelques individus ont discrètement subsisté. En témoignent des observations isolées, une à deux par décennie, entre les années 1950 et les années 2000, d’individus trouvés morts, d’épreintes ou d’observations directes. Un tournant s’opère en 2010 lorsque des indices de présence sont trouvés simultanément le long de la Drôme dans plusieurs communes entre Mirabel et Blacons et Allex, ainsi que sur le Roubion et la Berre, en Drôme provençale. En 2012, elle est trouvée sur plusieurs communes le long du Lez, et une première observation a lieu sur le canal de la Bourne, le long de l’Isère, à Chatuzange-le-Goubet. Cette observation est intéressante car la Bourne passe juste derrière la ferme du Grand Laval et peut constituer un corridor de dispersion intéressant entre les vallées de l’Isère et de la Drôme. En 2015, elle est trouvée sur deux nouveaux cours d’eau, l’Hérin, en Drôme provençale, et la Véore, autre cours d’eau relativement proche de la ferme.
En ce qui concerne les communes qui entourent Montélier, la Loutre n’a jusque-là été signalée qu’à Chabeuil, sur la Véore, depuis 2019. Aucun indice de présence n’a été trouvé sur le Guimand, qui prend sa source sur les contreforts du Vercors à Charpey et longe la ferme jusqu’à Valence, mais les prospections n’ont pas été très fournies.
La visite de cette loutre suggère que le secteur du Guimand / ru du Moulin pourrait être occupé par l’espèce. Les habitats présents au Grand Laval pourraient tout à fait lui convenir pour établir sa catiche. La création des nombreuses mares et l’inondation de la prairie a permis une abondance des populations locales de grenouilles, ce qui peut également la favoriser. Les loutres décideront. Mais nous serions honorés de les accueillir.