Lors du lancement de l’inventaire du vivant, le 7 mai dernier, Julien Bottinelli, l’un des naturalistes présents, a fait une découverte inattendue sur la ferme : la présence d’une Rainette méridionale ! (documentée par la photo jointe)
Cette espèce ne dépasse habituellement pas la région de Montélimar dans la Drôme (voir carte jointe : le Grand Laval est positionné en jaune).
Si elle peut être transportée accidentellement (cela arrive par exemple dans les salades), rien n’indique que ce soit le cas ici. D’autres rares observations ont déjà été faites au nord de Valence et il est probable que certains précurseurs soient en train de chercher à s’étendre vers le nord, dans un contexte de changement climatique – comme cela a été bien documenté par la SHF dans l’ouest de la France. La difficulté, pour les amphibiens comme pour de nombreux organismes à capacités de mobilité réduite, est de pouvoir franchir tous les obstacles lors de leur progression vers le nord. C’est pour cela que le concept des « trames vertes et bleues » a été mobilisé : comprendre et favoriser les éléments du paysage qui permettent aux espèces de circuler, au cours de leur cycle annuel ou lors des phases de dispersion des individus, phases qui jouent un rôle important dans l’évolution de l’aire de répartition d’une espèce. Et atténuer les obstacles, bien sûr.
Si les éléments linéaires jouent un rôle évident dans la dispersion des espèces peu mobiles (cours d’eau, linéaires de haies, corridors enherbés), la présence d’espaces « oasis » ici et là au sein d’une matrice paysagère plus hostile présente également un intérêt important et complémentaire. C’est le principe des « pas japonais », qui jouent le rôle de halte, mais aussi de site de reproduction relais pour une espèce au cours de sa progression vers le nord (ou ailleurs).
Il est probable que le Grand Laval joue ce rôle de pas japonais pour plusieurs espèces, et peut-être pour la Rainette méridionale, l’avenir nous le dira ! La présence du canal, de végétation arborée et arbustive dense le long de celui-ci et de plusieurs mares, constitue un habitat potentiel pour la rainette – si les hivers deviennent plus doux. Mais cette capacité d’accueil à l’échelle d’un site est démultipliée si l’on raisonne à échelle plus large. C’est ce qui est ambitionné à travers la politique de « trame turquoise » portée par Valence-Romans Agglo et par le Marathon de la biodiversité, auquel participe la collectivité et financé par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée, qui vise à creuser 42 mares et planter 42 km de haies sur le territoire, de manière cohérente et pour renforcer les continuités écologiques existantes.